Littérature américaine

Dorothy PARKER, La vie à deux

Dorothy PARKER,
La vie à deux

Traduit par Benoite Groult
Ed. 10-18, 2006.
Collection Domaine étranger
ISBN 2-2640-5445-6

Une vie en rose

Dans une société où l’Iphone remplace peu à peu la communication, Dorothy Parker nous offre des nouvelles de 1960 qui ne nous ont jamais paru si proches.

Une brève communication

Le téléphone qui d’ordinaire permet d’établir un lien entre deux personnages, d’échanger, est ici un instrument d’incommunicabilité, une excuse à la dispute ou à la dépendance de la femme pour son cher et tendre. Et pourtant, cette communication est omniprésente : la plupart des constructions des nouvelles semblent se baser sur les grands nombres de dialogues, les conversations téléphoniques, pour démontrer les problèmes de communication.

Mais cette communication, à quoi peut-elle servir ? Entre autres, à démontrer que la femme ressent un sentiment omniprésent de dépendance, et qu’elle a constamment besoin de l’avis de son mari. Il y a une dimension de l’ordre du sacré qui souligne l’importance de l’homme comme individu supérieur, l’homme qui protège et qui défend la femme:

« Je le sais, mais il vient toujours un moment où je m’affole sur un moment ou une attitude de toi et j’ai absolument besoin que tu me rassures, j’ai besoin de t’entendre dire que tu m’aimes. Je ne ressentais pas cela au début, mon chéri. » (p. 127)

En couple, la femme doute alors d’elle-même et a besoin d’un consentement de l’autre pour pouvoir avancer, évoluer psychologiquement.

Dorothy Parker est née en 1893 dans le New Jersey. Elle fut journaliste, mais également auteur de poèmes, de nouvelles, de pièces de théâtre et de scénarios. Par son humour piquant, elle nous donne une vision pessimiste des relations hommes-femmes. Son point de vue sur la femme comme personnage hystérique et dépendant de l’homme est particulier.

En effet, son parti pris est plaisant et novateur avec des personnages féminins qui semblent irrationnels et qui sont finalement sensés. Très souvent, au début de ses nouvelles, Dorothy Parker nous mène sur une fausse piste, nous faisant croire que les futurs protagonistes ne se connaissent pas.

Un point de vue féminin

Dans ce contexte incertain, le lecteur ne sait pas à qui se fier, qui croire. Il se met à douter de tout et particulièrement des personnages, cherchant l’erreur dans leur relation :

«Oh, mon Dieu ! J’avais oublié. Il ne l’a pas dit. Il n’était pas là ; il n’est pas là ; ce n’est que moi imaginant ce qu’il dirait. » (p.230)

Qui a raison, qu’est ce que cela veut dire ?

Par cette écriture, D. Parker permet au lecteur de se questionner.  Comment ? En grande partie par l’identification du lecteur aux personnages et par des histoires extrêmement réalistes que l’auteure semble écrire depuis la tête du personnage central :

« Il est parti et il ne reviendra pas. Il ne reviendra jamais. Les roues le disent, d’ailleurs. Elles le répètent sans arrêt. C’est encore de la sentimentalité je suppose ? » (p.230)

Le point de vue peut sembler féministe, mais pas forcément. Parker ne s’attarde pas sur les problèmes féminins. Elle montre aussi que trop de sentimentalité, trop d’attachement à l’autre peut être néfaste et le personnage féminin semble alors idiot sous la plume humoristique qui caractérise  D. Parker.

Pertinent, drôle et suscitant la réflexion.

F.M., AS Bibliothèques

Biographie de l’auteur :

Nationalité : États-Unis
Née à : Long Branch (New Jersey) , le 22/08/1893
Mort(e) à : New York , le 7/06/1967
Poétesse et scénariste américaine, connue pour son humour caustique, ses mots d’esprit et le regard acéré qu’elle porta sur la société urbaine du XXe siècle.

Bibliographie non exhaustive de l’auteur :
Comme une valse  (nouvelles), éditions Julliard, 1989.
Articles et critiques, éditions Christian Bourgois, 2000.
Hymnes à la haine  (poèmes), éditions Phébus, 2002.