Littérature américaine

William GOLDMAN, Princess Bride

William GOLDMAN, Princess Bride

 Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Ange
Titre original: The Princess Bride, Harcourt, 1973
Bragelonne, 2017
Collection Bragelonne Stars
EAN 9791028108298

Il était une fois, la plus belle histoire d’amour au monde.

 

« Je te l’ai dit tant de fois, mais tu n’écoutais pas. Toutes les fois que tu disais : «Garçon de ferme, fais ça», tu croyais que je répondais : «Comme vous voudrez », mais c’est seulement parce que tu entendais mal. Je te disais «Je t’aime », mais tu n’entendais pas, et tu n’entends jamais…» (p.68)

 

Westley est le garçon de ferme de la plus belle femme que le monde ait jamais connue, Bouton d’or. Leur amour est le plus pur et leurs baisers sont les plus grands. Mais un mauvais tournant du destin les sépare et Bouton d’or se retrouve fiancée au diabolique prince Humperdinck. Westley, accompagné de ses camarades Inigo Montoya, plus fine lame du monde en quête de vengeance et Fezzik, géant au grand coeur, enchainent les aventures pour retrouver le grand amour.

William Goldman, initialement scénariste de films, écrit Princess Bride alors qu’il travaille sur un scénario. Présenté comme une  » version avec les bons morceaux « , abrégée d’un conte fictif écrit par S. Morgenstern, ce roman est composé de trois récits distincts mais entremêlés. En effet le roman s’ouvre sur une introduction de l’auteur nous clamant son amour pour ce conte et les raisons pour lesquels il a voulu le partager avec nous mais aussi et surtout, avec son fils (« Ma vie a commencé à dix ans, quand mon père m’a lu le livre de Morgenstern. » p.31 et « […]quand Jason est né, j’ai mentalement pris note de lui offrir le livre pour son dixième anniversaire » p.32). Car Princess Bride est un récit dans un récit. William Goldman, le narrateur et auteur de l’histoire, nous parle de sa relation compliquée avec son aîné et de son désir de partager avec lui, la prétendue épopée avec laquelle il a grandi, contée par son propre père (« C’est mon livre préféré, même si je ne l’ai jamais lu » p.23).

Le troisième récit de ce roman est constitué par les mésaventures de l’auteur pour abréger, améliorer et faire publier Princess Bride, qui se manifeste aléatoirement dans les chapitres comme une coupure par « C’est moi qui parle » (p.56) ou encore « C’est encore moi » (p.83). Fonctionnant comme un puzzle où ces trois histoires se confondent, Princess Bride nous offre trois mondes, trois temporalités et des multitudes de personnages différents ayant chacun leurs individualités.

 

Un style hors du commun

Avec cette écriture singulière, le roman se démarque sans difficulté aucune des autres contes. Car ne l’oublions pas, Princess Bride est un conte et pas n’importe lequel : un conte de capes et d’épées. Comme dit précédemment, l’histoire de Goldman est celle de Westley, combattant moult ennemis afin d’être réuni avec son grand amour. L’auteur a fait le choix de mettre en avant le grotesque de l’histoire pour accentuer un effet d’oralité. C’est ainsi que, sur son chemin, Westley affrontera un de ses ennemis non pas à l’épée, mais lors d’un « combat de l’esprit » (p.146) qui consiste à deviner lequel des deux verres placés face à lui est empoisonné. Bien évidemment notre héros gagne, sachant que les deux verres le sont et concluant : « J’ai passé les deux dernières années à m’immuniser à tous les poisons » (p.149).

Ce roman est en effet plein d’humour, souvent accentué par des situations étonnantes et insolites comme celle, décrite dans le cinquième chapitre, de deux ennemis, papotant ensemble le temps de reprendre leurs souffles avant de se lancer dans un duel (« Vous paraissez être un homme bien, dit Inigo. Je serai navré de vous tuer » p.127). Des commentaires de l’auteur, qui tient à situer le récit dans le temps, en fonction des inventions ayant eu lieu, ou non, à ce moment, entre parenthèses, donnent aussi leur saveur au récit : « Les miroirs avaient déjà été inventés » (p.52) « L’histoire se passe avant l’invention du glamour » (p.56), « Cette histoire se passe après l’invention du ragoût, mais c’est le cas de toutes les histoires. » (p.57). Cette répétition, sorte de running gags, semble ponctuer le roman, mais aussi rappelle aux lecteurs que l’histoire que nous lisons est le fruit d’un auteur, qui se manifeste auprès de nous pour nous aider dans notre voyage et nous guider avec plus de simplicité.

En 1987 est sorti l’adaptation cinématographique du roman, sous la réalisation de Bob Reiner. Le film, applaudi par les critiques et le public, a relancé l’intérêt général pour ce roman qui est un merveilleux hommage aux contes de capes et d’épées mais aussi aux contes de fées  et qui ne manque pas de faire rêver son lecteur et de l’emporter dans un monde entre Le Comte de Monte-Cristo et Zorro.

Camille Grondin, 2A Edition Librairie, 2018-2019.

Sources:
Site de Bragelonne
Princess Bride, avant propos, Bragelonne, 2017

Biographie de l’auteur

 

Nationalité :   américaine

Né le: 12 août 1931 à Highland Park (Illinois)

Dès l’âge de 20 ans il se spécialise dans le scénario de films il recevra deux fois l’Oscar du meilleur scénario pour «Butch Cassidy et le Kid» et «Hommes du Président»

 

Bibliographie :
Marathon Man, Denoël, première édition en 1975
Les Lumières de Broadway, Flamme, première édition en 1987
Rouge Vegas, J’ai lu, première édition en 1988

Pour aller plus loin:
Princess Bride, Bob Reiner, 1987 (adaptation cinématographique).

Le comte de Monte-Cristo, Alexandre Dumas (1844-1846)
Zorro, Isabel Allende, Grasset, 2005