Littérature française

Paul-Henry VINCENT, Ces regards

Paul-Henry VINCENT, Ces regards

Éditions Musimot, 2013
ISBN 979-10-90536-09-8

Présentation des Éditions Musimot

Les Éditions Musimot sont axées sur l’écriture poétique dans différents genres de la littérature. Elles publient des textes courts, parfois en collaboration avec d’autres artistes pour illustrer et promouvoir leurs publications (dessinateurs, peintres, musiciens…). Cette maison d’édition indépendante, basée dans la Haute-Loire, est née en 2009, au sein de l’association Musimot qui met en avant la rencontre entre différentes expressions artistiques. Elle propose également de nombreuses animations autour du livre, telles que des rencontres d’auteur, des lectures musicales, des interventions dans les bibliothèques, des cafés littéraires. Elle participe également à des salons littéraires. Actuellement leur catalogue dénombre 42 publications et possède un tirage d’une moyenne de 200 exemplaires. Par conséquent, leurs ouvrages ne sont pas directement disponibles dans le commerce : il est possible de les commander chez votre libraire ou bien de remplir un bon de commande sur leur site internet.

Un silence qui fait peur

Ces regards est un livre de poésie écrit par Paul-Henry Vincent et édité chez les Éditions Musimot en 2013. L’auteur nous invite vers un autre monde qui est le regard : une communication basée sur le silence et qui se révèle être la première lorsque nous sommes bébé. Cependant, celle-ci se retrouve grandement incomprise, car elle est libre de multiples interprétations. C’est pourquoi, l’auteur nous invite à interroger notre sensibilité, notre conscience qui se sent menacée par ce regard inquisiteur. Ainsi, l’auteur nous accompagne de notre naissance jusqu’au regard inutile de notre mort. Il insiste sur le silence qui englobe ce regard incompris, ravageur, insatiable, grande gueule ouverte qui dévore tout ce qui passe, mais également empli d’une infinie douceur. Voici donc l’objet de cet ouvrage.

« On voudrait connaître le sens précis de cette expression. On aimerait en savoir plus sur ce qu’elle traduit quelle émotion l’a engendrée et ce qui la motive. […] Qu’importe s’il s’agit d’une peur que nous jugeons injustifiée – la forme inconnu de l’appareil braqué vers lui et plus encore l’usage de cet engin perçu comme agressif » (p.13)

« Écouter le message silencieux. Observer le silence » (p.42)

En apesanteur

Durant chacun de ses poèmes l’auteur dissèque minutieusement les secondes : il étire le temps jusqu’à ce qu’il disparaisse. Il s’attarde sur la moindre pensée, le moindre haussement de cils , la moindre micro expression du visage ou sensation futile. L’auteur décrypte ces échanges vifs faits de silence, de gestes, de sensations, d’idées qui fusent bien trop rapidement pour que notre esprit puisse les saisir entièrement. C’est pourquoi, l’écriture va droit au but : les phrases sont courtes, parfois sans verbe. Elles défilent les unes à la suite des autres, à l’image de ces idées sitôt créées sitôt envolées : des pensée hésitantes, cachées dans l’ombre, qui courent et qui reviennent, entièrement ou partiellement. Dans ces échanges, l’auteur traduit la peur, l’angoisse, le stress et surtout l’inconnu.

« Sous ton pied un craquement de bois. Le parquet de la chambre. Elle se retourne et te voit. Toi, l’enfant qu’elle n’a pas entendu arriver. Elle te voit et soudain. Son regard vers toi. L’inattendu. Regard dur un instant. Puis flottant. Sur toi venu sans qu’elle t’ait entendu. Toi cette enfant qu’elle n’attendait pas en cet instant. Toi venu à cet instant où elle ne t’attendait. Pas encore. Et pourtant. Toi venu. En cet instant inattendu. Instant d’attente non entendue. Et toi seul. Venu en cet instant. C’est à dire bien trop tôt. Ou peut-être bien trop tard. Mais venu. » (p.37)

Une œuvre sur mesure

Ensuite, il est important de préciser que le lecteur est le sujet de l’ouvrage. L’auteur fait une rétrospection sur sa vie en le mettant face à lui-même. Il l’interpelle directement, l’interroge, lui donne des ordres : ce lecteur captif est le centre de l’ouvrage.

« Embrasse-le du regard ce chemin tortueux constitué de rudes montées et de dégringolades douloureuses. […] Regarde-le bien ce parcours jusque dans les moindres détails. Dépêche-toi car l’écran ne va pas tarder à s’éteindre.» (p.65)

Par conséquent, il crée des situations dénuées de toute identité (absence de lieu, de nom de personnage…), afin que le lecteur puisse s’y identifier. C’est pourquoi l’ouvrage se retrouve décuplé de sens, car chaque mot n’a pas la même résonance suivant les individus : le lecteur applique sa propre expérience. Au fil des pages, il s’interroge, apprend à se connaître. Il évolue et grandit avec l’auteur qui assume le rôle de parent. En somme, cet ouvrage prend des allures de voyage initiatique.

« Regardez-le ce petit être. Comme il se hâte. Regardez-le partir vers l’inconnu. […] Le voici lancé sur son chemin de vie. Comme on dit. » (p.23)

« Te voilà parvenu. À destination. Comme prévu. C’était ton destin. Que veux-tu ? […] Alors quelqu’un viendra te baisser les paupières afin de l’occulter. Cet inutile regard. » (p.65,66)

Agathe Valade, 2A Bibliothèque, 2019-2020.

Sources :
Informations sur la maison d’édition ou encore sur le site de L’ Autre salon.
Informations sur l’auteur et bibliographie, mais aussi sur le site du journal La Montagne.

Biographie de l’auteur :

Né en Bourgogne.

Paul Henry Vincent vit actuellement en Auvergne depuis près de 30 ans. Après une carrière professionnelle avec des enfants autistes, il décide de se consacrer à l’écriture poétique et à l’animation culturelle. Durant un dizaine d’années, il organisa des moments lectures chez les Augustes (café de Clermont-Ferrand) en recevant des auteurs et des poètes. Désormais, il fait des interventions en milieu scolaire et carcéral (centrale d’Yzeure), auprès de détenus de tous âges, pour les sensibiliser à la poésie. Il a également participé au lancement des éditions Éponymes et de la revue Épistoles chez Montagne.

Bibliographie non exhaustive :

  • Le Petit Dernier, Éditions Musimot, 2019 (à paraître)
  • Les mômes enchantent les mots, illustrations Angèle Spérius, coll. café cappuccino, Microéditions Caona, 2018 (nouvelle édition)
  • Jour féminin, Éditions Corps Puce, 2017
  • Mot à Mots, Éditions Musimot, 2014 
  • Écouter le silence du monde, Éditions Musimot, 2011
  • Poèmes à rire et à danser, Le Valluisant, 2010
  • Le maître des rêves, Épistoles, 2000