Littérature américaine

Michael CONNELLY, Une vérité à deux visages

Michael CONNELLY, Une vérité à deux visages

Traduit de l’anglais par Robert Pépin
Titre original : Two kinds of truth, Little, Brown and Company, 2017
Calmann-Lévy (Collection Calmann-Lévy Noir), 2019
ISBN 978-2-7021-5694-0

Une vérité à deux visages, roman policier, mêle trois affaires différentes, palpitantes et bouleversantes. Ce livre est ainsi rythmé par une première affaire de drogue, une deuxième affaire dans laquelle l’inspecteur Bosch est suspecté et une troisième affaire non résolue sur laquelle il travaille.

Les embobineurs

Dans cette première partie, Connelly pose le cadre de l’histoire. Tout d’abord, les multiples intrigues du livre sont dévoilées. Ainsi, la première affaire nous est présentée dès la première page du livre par cette phrase : « C’était aux déclarations faites dans les semaines qui avaient suivi la disparition de Tavares qu’il s’intéressait. » (p.12). Bosch est le seul à travailler sur l’affaire. Par ailleurs, à la fin du chapitre 1, la deuxième affaire survient : Harry Bosch apprend par le LAPD et le district attorney Trapscott qu’un des meurtriers qu’il a arrêté trente ans plus tôt demande à être libéré : « Nous allons nous joindre aux avocats de Borders pour demander au juge d’annuler la sentence et de le libérer du couloir de la mort. » (p.26). Mais Harry Bosch fera tout pour empêcher cette libération. Pour cela, il fera, notamment, appel à son avocat, Mickey Haller ainsi qu’à Cisco, une sorte d’indic. Enfin, la dernière affaire apparaît à la fin du chapitre 2 lorsque l’inspectrice Lourdes demande à Bosch s’il veut l’accompagner sur une scène de crime : « Tu prends ou tu prends pas ? » (p.29). D’anciens collègues à lui interviendront dans l’affaire pour les aider. Bosch apportera son expérience pour permettre aux autres inspecteurs d’avancer dans l’enquête. Il leur donnera aussi des conseils pour qu’ils s’améliorent. Le dialogue suivant le montre : « On ne regarde pas vers l’intérieur […] On regarde vers l’extérieur. » (p.39).

En même temps qu’il dévoile ses enquêtes, l’auteur présente ses personnages. Ainsi, Harry Bosch travaille aux affaires non résolues pour la police de San Fernando depuis « sa retraite forcée trois ans plus tôt » (p12) du LAPD. Le commissariat de police où il travaille est dirigé par le chef Valdez qui a, sous ses ordres, les inspecteurs Lourdes, Sisto et Louzon. Ces trois inspecteurs ont des caractères complètement différents. En effet, Bella Lourdes a l’habitude de s’effacer tandis que ses deux autres collègues ont tendance à contester les ordres et à vouloir être sur le devant de la scène : « Mais Sisto et moi, on est arrivés les premiers ! fit remarquer Louzon. Ce devrait être notre affaire, et avec nous à l’intérieur. » (p.35).

Cette première partie apporte des pistes cruciales à Harry Bosch et son équipe pour élucider leur affaire. L’inspecteur récupère de nouveaux indices dans son affaire personnelle. Des souvenirs permettent de compléter son investigation sur cette affaire… C’est une première partie intense, qui alterne entre affaire en cours et affaire réouverte.

 

Le South Side de nulle part

Dans cette deuxième partie, l’auteur nous entraine dans un univers sombre et réaliste. En effet, c’est à ce moment de l’histoire que l’auteur nous emmène concrètement dans cet univers, déjà un peu décrit précédemment. Ainsi, suite aux découvertes faites par le commissariat de police de San Fernando, une opération d’envergure se met en place, à laquelle Bosch participera particulièrement, ayant pour but de coincer les criminels à l’origine des meurtres. Bosch et Lourdes se rendent dans la ville de Pacoima où le trafic de drogue a lieu et l’auteur en fait une description saisissante : « Les rues étaient maintenant jonchées de cochonneries, les murs couverts de graffitis » (p.92). C’est par les yeux d’Harry Bosh que nous voyons la dureté et la brutalité du monde ou plutôt de « l’enfer » (p235) dans lequel il vient de plonger pour résoudre l’enquête : « […]il en reçut un violent coup au bas-ventre. » (p225). Nous avons d’ailleurs de poignantes descriptions des personnes qui subissent ce trafic pour survivre. Ce sont « des hommes et des femmes – plus vieux, hagards, vaincus. » (p234). Ces derniers vivent dans des « bidonvilles » (p.240) où l’air est difficilement respirable car cela sent la putréfaction.

Cependant, Bosch doit, tout en étant en mission, mener une autre enquête pour empêcher la possible libération d’un tueur en série. Ainsi, il enverra son avocat et son indic sur le terrain afin de trouver des preuves solides pendant que lui est occupé ailleurs. C’est pourquoi nous retrouverons à nouveau cette alternance entre les deux enquêtes.

Dans cette partie, Michael Connelly décrit un milieu très difficile et réel dans lequel de nombreuses personnes vivent ou plutôt survivent. C’est une partie particulièrement angoissante pour nous lecteurs parce que c’est là où tout va se jouer et ce, sur plusieurs plans : nous ne voulons plus nous arrêter de lire.

L’intervention

         Dans cette dernière partie, les affaires se dénouent. En effet, si l’affaire de disparition qu’essayait d’élucider Bosh était peu évoquée précédemment dans le livre, elle le sera plus largement dans cette partie : « Je sais ce qui est arrivé à Esme Tavares. » (p406). Cependant, cette partie, qui clôt le livre, se consacre principalement à l’affaire dans laquelle Harry Bosh était accusé d’avoir trafiqué des éléments de preuve. Ainsi, l’action se déroule sur une seule journée, « ce mercredi matin-là » (p347) et a essentiellement lieu au tribunal, « chambre 107 où […], présidait le juge John Houghton » (p347). C’est le jour de l’audience qui décidera de la libération ou non de ce fameux tueur. De multiples rebondissements rythmeront cette audience ainsi que cette dernière partie du livre.

Enfin, avec ce livre, Michael Connelly, un des romanciers les plus lus au monde avec 60 millions d’exemplaires vendus à travers le monde, nous offre un roman de grande qualité comme il a l’habitude de le faire.

Elyne OSSWALD, 1A Édition/Librairie, 2019-2020

Sources

  • Le site de la maison d’édition Calmann-Lévy pour l’auteur et pour la page de couverture (consulté le 21/01/2020)
  • Le site de l’auteur (consulté le 21/01/2020)

Biographie de l’auteur

 

 

Nationalité : américaine

Né à : Philadelphie, (Pennsylvanie, États-Unis) en 1956

Michael Connelly est considéré comme l’un des maîtres du roman policier. Il a d’abord été journaliste en Floride et, en 1986, il a été nominé pour le prix Pulitzer suite à ses articles sur les survivants d’un crash d’avion. Il a reçu de nombreux prix comme le Prix Shamus en 2006 ou le Cartier Diamond Dagger en 2018. Pour son premier roman, Les Égouts de Los Angeles publié en 1993, Il reçoit le Prix Edgard Allan Poe en France en 1993. Il est traduit en 39 langues.

 

Bibliographie

Romans :

  • La Blonde en béton, Seuil, 1996, (The Concrete Blond, 1994).
  • Le Poète, Seuil, 1997, (The Poet, 1996) – Prix Mystère de la critique en 1998.
  • Créance de Sang, Points, 1999, (Blood Work, 1998) – Grand Prix de Littérature policière en 1999.

 

Nouvelles :

  • Christmas Even, 2004, nouvelle contenue dans le recueil collectif Murder and All That Jazz.
  • Intervention suicide, 2014, (Suicide Run, 2011), recueil de trois nouvelles (ebook et livre audio).

 

Pour aller plus loin :
Une série sur l’ensemble des livres où l’enquêteur Harry Bosch est le personnage principal existe depuis 2014. Elle est intitulée Bosch et comporte pour l’instant 5cinqsaisons : une sixième serait en préparation.