Littérature française

Philippe DELERM, La Première gorgée de bière et autres plaisirs minuscules

Philippe DELERM, La première gorgée de bière et autres plaisirs minuscules

Gallimard, 1997
ISBN 9782070744831

Un premier succès

Grâce à La première gorgée de bière et autres plaisirs minuscules, Philippe Delerm nous offre son premier succès dans ce recueil de nouvelles racontant des anecdotes du quotidien, qui recevra le prix Grandgousier en 1997. Son écriture se démarque par son minimalisme, il utilise un langage et un vocabulaire simple et accessible dans des nouvelles de deux-trois pages maximum.

« Ce petit frôlement qui freine et frotte en ronronnant contre la roue. Il y avait si longtemps que l’on n’avait plus fait de bicyclette entre chien et loup ! ».

“Le bruit de la Dynamo” p.22

Ancien professeur, il tente de faire publier ses premiers manuscrits aux alentours de 1976, mais se voit rejeter par les maisons d’édition jusqu’en 1997. Il publie alors plusieurs ouvrages,  Il avait plu tout le dimanche (1998), La Sieste assassinée (2001), ou encore un recueil de nouvelles  L’Envol (1995), des essais comme Les Chemins nous inventent (1999). Il écrit aussi des livres pour enfants. C’est en somme un auteur polyvalent.

Comme un vieux souvenir

Philippe Delerm nous renvoie à nos souvenirs d’antan, rien d’extraordinaire, simplement un moment de douceur, comme un retour à la maison.

« Un couteau qui aurait pu être celui d’un hypothétique et parfait grand-père. Un couteau qu’il aurait glissé dans un pantalon de velours chocolat à larges côtes. ».

“Un couteau dans la poche” p.9

Il représente une vie simple en laissant de côté notre raison pour se rapprocher de nos sentiments. Philippe Delerm nous plonge dans des moments de vie des gens, des moments invisibles mais tellement lumineux. Il rappelle à notre bon souvenir des plaisirs nécessaires que l’on pensait souvent oubliés . Il montre ainsi combien « Les quelques secondes où l’on sent que la proposition va venir sont délicieuses […] Le chat noir de la maison lové sur les genoux, on se sent adopté[3] ». C’est une ouverture à la nostalgie, un retour en enfance. Nous nous remémorons des instants éphémères auquel nous ne prêtons plus attention. A l’ouverture de ce livre nous nous sentons comme absorbés. Dès la première ligne  nous ressentons une chaleur nous réchauffer le cœur :

« Même pour soi, c’est bon, cette façon de jouer la fin des choses ton sur ton. Choisir le confort des mélancolies. Acheter la couleur des jours, un nouveau pull d’automne ».

  ”Invité par surprise” p.44

Malgré l’utilisation de laprose, on peut parler de lyrisme poétique. Philippe Delerm ne nous parle pas d’idées mais de sensibilité. Il nous rappelle une réalité sensible et sensorielle dans une œuvre touchante.

Un personnage universel

Philippe Delerm nous permet de nous retrouver dans chacune de ses nouvelles, à chaque moment, chaque sensation, chaque sentiment. En effet, à aucun moment nous ne ressentons la présence d’un personnage. Cela rend son écriture universelle puisque chacun peut s’identifier aux nouvelles à sa guise grâce à l’utilisation du « on »

« On ne possède rien. Tout juste sans bouger quelques secondes de beauté, une patience ronde, sans désir. Un peu de bonheur sage passe […] ».

  “Plonger dans le kaléidoscope” p.82

C’est comme passer devant une photographie, ou un tableau, il nous rend spectateur de moments spontanés et éphémères : « Cette mosaïque de ciel ne reviendra pas : vert angélique et rouge de velours théâtre, elle a la solennité géométrique des jardins du Louvre, et l’oppressante intimité d’une maison chinoise[6]» (« Plonger dans le kaléidoscope, p.82)

Une pause

Chaque nouvelle a son tableau, son souvenir, qui dépeint une sensation, une émotion qui se rappelle à nous. L’écriture simple, imagée et fluide de Philippe Delerm nous permet de nous remémorer des moments de vie tendres. Ce recueil est une couverture dans une nuit froide, une tasse de lait chaud un soir d’hiver, une douche chaude après un jour de pluie.

Plongez-vous corps et âmes dans ce recueil à l’écriture simple et poétique, offrez vous un petit plaisir dans le rythme effréné de votre vie.

Vous oublierez peut-être avoir lu ce livre, mais à chaque relecture vous retrouverez ces sensations qui parleront à votre innocence et nourriront l’enfant qui est en vous. 

M.C., 1A, Bibliothèque-Médiathèques, 2019-2020

Sources :             

Consultées le 16 Octobre 2019

« Philippe Delerm ». Wikipédia, 20 septembre 2019.

« La Première Gorgée de bière et autres plaisirs minuscules ». Wikipédia, 26 octobre 2018. Wikipedia.

« La Première Gorgée de bière et autres plaisirs minuscules ». Babelio,

Biographie de l’auteur :

Nationalité : Française
Né à : Auvers-sur-Oise, 1950
Réside en Normandie

Fils d’enseignants, il le devient à son tour, mais quitte son emploi en 2007 pour se concentrer sur l’écriture. Depuis septembre 2006, il dirige la collection « Le goût des mots » (éditions Points/Seuil) consacrée à la langue française.

Bibliographie non exhaustive :

  • 1986 : Le Bonheur. Tableaux et bavardages, Éditions du Rocher (récits autobiographique).
  • 1994 : Surtout, ne rien faire (réédition en 1998 sous le titre C’est toujours bien), Milan, collection Zanzibar (Nouvelles, récits et poésies).
  • 2001 : Intérieur : Une rencontre avec le peintre Hammershøi, édition Flohic (essais).
  • 2001 : La Sieste assassinée, Gallimard, collection l’Arpenteur (Nouvelles, récits et poésies).
  • 2014 : Elle marchait sur un fil, Seuil (Romans).

Pour aller plus loin :
Philippe Delerm et le minimalisme positif , Rémi Bertrand, 2005, Éditions du Rocher