Littérature française

Gaston LEROUX, Le Fantôme de l’Opéra

Gaston LEROUX,
Le Fantôme de l’opéra

 Le Livre de Poche, 2016
Collection Policier / Thriller.
ISBN 2253009504 

Gaston Leroux nous enferme dans l’univers secret de l’Opéra de Paris, au cœur d’une intrigue palpitante.

Ecrivain français de renom, Gaston Leroux a marqué le début du XXe siècle en fondant, avec quelques confrères, un nouveau genre littéraire : le roman populaire. Né en 1868 à Paris, de parents normands, Gaston Leroux s’orientera vers des études de droit, qui le conduiront au barreau. Lassé dès les premiers mois, il abandonnera sa robe d’avocat pour une plume de chroniqueur judiciaire à L’Echo de Paris, puis Le Matin. Il rendra compte de grandes affaires, telles que le procès contre Zola dans l’affaire Dreyfus. Grand reporter en 1895, il s’illustrera par des entretiens et reportages remarquables, notamment sur la révolution russe en 1905.

Du journaliste au romancier

Il assouvira sa passion pour le récit et l’enquête, par l’écriture de son premier roman en tant qu’écrivain professionnel : Le Mystère de la chambre jaune (1907), qui lui offrira le succès et la fortune. Il passera les vingt années qui suivront à Nice, où il enchaînera l’écriture d’œuvres qui entérineront sa gloire : Le Parfum de la dame en noir (1908), Le Fantôme de l’Opéra (1910), Rouletabille chez le Tsar (1913), Premières aventures de Chéri-Bibi (1913) …

Quand la réalité se mêle à la fiction policière

Le Fantôme de l’Opéra paraîtra d’abord en feuilleton dans le quotidien Le Gaulois, durant le dernier trimestre 1909, puis aux Editions Pierre Lafitte en avril 1910.

Gaston Leroux, alors en pleine gloire littéraire, poursuit son succès par un savant mélange d’histoires vraies, fruits de ses investigations, et d’une intrigue policière diabolique, acheminant le lecteur à s’interroger sur la véracité des faits évoqués. Ainsi, il va user de faits réels tels que l’existence (peu connue des Parisiens) d’une rivière souterraine la Grange-Batelière, qui étend son lit non loin de l’Opéra Garnier, l’incendie de 1873 au cours duquel un pianiste eut le visage brûlé et perdit sa fiancée, une danseuse, l’accident mortel causé par la chute d’un lustre lors d’une représentation de Faust en 1896 qui ajoutent à son œuvre une vraisemblance surprenante. Il engage le lecteur dans cette ambiguïté dès l’avant-propos du roman : « Le fantôme de l’Opéra a existé. Ce ne fut point, comme on l’a cru longtemps, une inspiration d’artistes, une superstition de directeurs, la création falote des cervelles excitées de ces demoiselles du corps de ballet, de leurs mères, des ouvreuses, des employés du vestiaire et de la concierge. Oui, il a existé, en chair et en os, bien qu’il se donnât toutes les apparences d’un vrai fantôme, c’est-à-dire d’une ombre. » Le narrateur et l’auteur sont mêlés. Il s’adresse personnellement au lecteur en détaillant ses expertises : « Je me suis également documenté », ce qui donne une forme journalistique au récit et renforce la cohérence de l’histoire.

L’Opéra, théâtre d’un amour passionné et destructeur

Christine Daaé, jeune cantatrice, est victime d’une manipulation par celui qu’elle pense être « l’Ange de la musique ». Erik, « le Fantôme de l’Opéra », fou amoureux de la talentueuse soprano, use de tous ses pouvoirs pour révéler le talent de la chanteuse, lui offrir le succès et obtenir l’exclusivité de ses sentiments. Personnage terrifiant à la voix d’or et grand magicien, caché sous un masque qui occulte sa laideur, Erik ne donne aucune limite à sa machination diabolique, pour obtenir la belle Christine. Ainsi, le lustre légendaire de l’Opéra s’effondre pendant une représentation, un machiniste est retrouvé pendu, un crapaud sort de la bouche de la Sorelli alors qu’elle se produit sur scène…

« De cette bouche s’était échappé… Un crapaud ! Ah ! L’affreux, le hideux, le squameux, venimeux, écumeux, écumant, glapissant crapaud ! … » (p. 104). L’auteur utilise une accumulation d’adjectifs, créant un effet d’amplification qui, associé à un homéoptote, renforce le sentiment d’écœurement du lecteur. Un style littéraire qu’il emploie tout au long de l’œuvre pour la théâtraliser, intensifier les émotions : « Il met à mes pieds un immense et tragique amour !… Il m’a volée par amour !… Il m’a enfermée avec lui, dans la terre, par amour… mais il me respecte, mais il rampe, mais il gémit, mais il pleure !… » (p.165).

Le fantôme enlève Christine Daaé et l’emprisonne dans les entrailles de l’Opéra. Le vicomte Raoul de Chagny, son amour d’enfance, aidé d’un mystérieux personnage nommé le Persan, doit affronter de nombreux pièges pour délivrer la jeune femme. Qui en sort indemne ? Retrouveront-ils Christine ?

Un roman musicalement prestigieux

L’auteur nous emporte dans un décor somptueux, qu’il décrit avec minutie. Le sentiment d’enfermement peut néanmoins guetter le lecteur claustrophobe, cloîtré dans un écrin tantôt merveilleux et fascinant, tantôt ténébreux et malfaisant.

La musique est naturellement très présente dans le roman. Le lecteur devient spectateur, emporté par les plus grandes références de la musique classique : l’opéra Polyeucte de Charles Gounod, Le Roi de Lahore de Jules Massenet, La danse macabre de Camille de Saint-Saëns, La flûte enchantée et Don Juan de Wolfgang Amadeus Mozart, ou encore Roméo et Juliette, Faust… pour n’en citer que quelques-uns.
Adapté au cinéma et à la scène, ce chef-d’œuvre associe avec brio, lyrisme, tragédie, intrigue et romantisme. Il fait écho à un autre monstre du patrimoine littéraire français Notre Dame de Paris de Victor Hugo (1832) qui met en scène, dans un lieu tout aussi majestueux, la cathédrale dont le roman emprunte le nom, Quasimodo, un sonneur de cloche difforme, amoureux de la belle bohémienne Esmeralda. Ces deux romans s’articulent comme un oxymore, mêlant beauté et laideur, bien et mal, naïveté et machiavélisme, sur fond musical et dans un style théâtral.

Sources webographiques :
Gaston Leroux – Site officiel des ayants-droit :
http://www.gaston-leroux.net/biographie.ht

Biographie de l’auteur :

Gaston Leroux  Nationalité : France
Né(e) à : Paris , le 06/05/1868
Mort(e) à : Nice , le 15/04/1927
 Gaston Louis Alfred Leroux est un romancier français, connu surtout pour ses romans policiers empreints de fantastique.

Bibliographie non exhaustive de l’auteur :
Le Petit Marchand de pommes de terre frites (nouvelle), revue La République française, 1887.
Le Mystère de la Chambre jaune, revue L’Illustration, 1907.
Le Parfum de la dame en noir, revue L’Illutration, 1908.
Le Fantôme de l’Opéra, journal Le Gaulois, 1910.
La Reine du Sabbat, journal Le Matin, 1911.
Rouletabille chez le Tsar, revue L’Illustration, 1912.
Premières aventures de Chéri-Bibi, journal Le Matin, 1913.

BNF :
http://www.bnf.fr/documents/biblio_leroux.pdf
http://classes.bnf.fr/classes/pages/pdf/Leroux1.pdf