Littérature française

Christian GAILLY, Be-Bop

Christian GAILLY, Be-Bop

Ed. de Minuit, 1995.
Collection Minuit Double, 2002.

Dans Be-Bop, l’auteur raconte la vie de Basile Lorettu, saxophoniste dans un groupe de jazz amateur. Basile se cherche, ses styles musical et vestimentaire ressemblent trop à ceux de grands artistes tels que Charlie Parker ou encore Gerry Mulligan. Donc Basile se cherche en tant que musicien et en tant que personne. Plusieurs rencontres au fil du roman vont le faire évoluer sur ces deux plans. D’abord sa rencontre avec Cécile, puis celles avec deux personnes âgées sur un banc et enfin celle avec Paul. Toutes ses rencontres vont être décisives pour Lorettu. Il va tomber amoureux de Cécile un soir alors qu’il la rencontre au bar de son ami Fernand pendant un concert de jazz. Ce soir là il jouait en quintette avec ses amis musiciens, Nassoy le bassiste, Patrick le pianiste, Claude à la batterie et Georges le trompettiste. Cette scène est importante car on y découvre l’intégralité du groupe avec sa façon de jouer, propre à chaque musicien, ses problèmes, etc. Ainsi on apprend que Claude joue comme Elvin Jones et que cela ne convient pas au registre du groupe qui est celui du Be-Bop car le style de Elvin Jones est plus proche de celui des Big Bands. On nous dit aussi que Georges ne joue plus très bien à cause de son séjour en Australie. En effet, il a quelque peu délaissé la musique pendant les six mois qu’il a passé sur place.

« Patrick piano, un blond clairsemé aux yeux vides, très voûté sur le clavier, Nassoy basse, le grand maigre qui a les doigts sparadrapés, Claude batterie joue comme Elvin, (Jones), on a beau lui dire que cette manière ne convient au bop mais ça fait rien, ça fait rien […] Lorettu alto et Georges trompette »

Un récit d’apprentissage musical

Cécile sera un personnage important pour Lorettu car elle l’aidera à aller de l’avant, à rester un musicien. Elle lui montre qu’il est bon là où lui ne pense que copier et imiter, plagier en somme… Ensuite viens la rencontre avec les deux personnes âgées, elle se produit par hasard mais n’en est pas moins importante car encore une fois elle amène à Lorettu un semblant de réponse sur qui il est en tant que musicien, il se considère encore comme une simple copie de Charlie Parker. Plus tard, lors d’une de ses missions d’assainissement, il rencontrera Paul, ancien musicien, saxophoniste lui aussi. Il jouera avec Lorettu et son groupe à un concert dans un vieux monastère. Lors de ce concert, Lorettu qui entend jouer Paul se rend compte qu’imiter un artiste n’est pas si mal lorsque c’est bien fait. Car Paul imite le style puissant de John Coltrane (grand saxophoniste ténor) à la perfection qui plus est. Ainsi Lorettu se trouve enfin comme musicien. Grâce à toutes ces rencontres, il a compris qu’il pouvait être lui même en imitant un autre artiste.

Une écriture rythmée

Pour parler du texte de façon plus concrète, la manière dont il est écrit est assez particulière, toute en petites phrases et avec beaucoup de virgules, comme pour donner une dimension rythmique au texte. Beaucoup de répétions sont aussi effectuées dans le texte pour accentuer cette notion de rythme. C’est une véritable syncope verbale à l’image de celles du Jazz

« Vous auriez eu tort, dit Cécile, c’est comme si un écrivain, dit Cécile, après avoir lu un chef-d’œuvre, dit Cécile s’arrêtait d’écrire, dit Cécile, il ne peut écrire que par lui-même, dit Cécile, il n’y a que lui qui puisse écrire ce qu’il a à écrire, dit Cécile, encore faut-il qu’il ait quelque chose à écrire dit Cécile. »

L’auteur a tenu cette écriture mélodique tout le long du roman ce qui donne un aspect très musical à la lecture, souvent hachée comme un morceau de jazz. De plus le personnage principal, Lorettu, hésite tout le temps sur les paroles qu’il souhaite exprimer, ce phénomène rappelle quelque peu les improvisations de Louis Armstrong et autres jazzmen célèbres. Ensuite, toutes sortes de référence au monde du Jazz sont faites avec les musiques que joue le groupe ou bien les noms d’artistes dont parle Lorettu etc.

Sources :

Biographie de l’auteur

Nationalité : Française
Né à Paris en 1943 et décédé en 2013 à l’âge de 70 ans

Il a été, avant d’être écrivain, un musicien de jazz (saxophoniste) assez talentueux bien qu’amateur et a ensuite ouvert un cabinet de psychanalyse. Vers les années 80, il se lance dans l’écriture et son premier roman, Dit-il, est publié en 1987 aux éditions de Minuit. La carrière de Jazzman qu’il aurait pu avoir l’inspirera pour certains de ses ouvrages notamment Be-Bop dont nous parlerons dans quelques instants. Au cours de sa vie il aura écrit une quinzaine de romans et reçu deux prix littéraires (Prix France Culture et Prix du livre Inter) pour Nuages Rouges et Un soir au club.

Bibliographie :

  • Un soir au club, Christian Gailly, éditions de Minuit, 2001
  • 622, Christian Gailly, éditions de Minuit, 1989
  • Les oubliés, Christian Gailly, éditions de Minuit, 2007

Pour aller plus loin :