Littérature américaine

Francis Scott FITZGERALD, Fragments du Paradis

Francis Scott FITZGERALD, Fragments du Paradis

Traduit de l’anglais par Jacques Tournier
Titre original : Bits of Paradise, 1973.
Julliard, 1977.
Le Livre de Poche, 1996.
ISBN 978-2-253-13968-3

            Ce recueil de 16 nouvelles est un hommage rendu aux auteurs Francis Scott et Zelda Fitzgerald par deux personnes importantes. Tout d’abord, leur fille, Scottie Fitzgerald Smith, a écrit la touchante préface du livre dans laquelle elle raconte quelques souvenirs d’enfance et qui est, en quelque sorte, un indice sur les thèmes abordés par les nouvelles. Puis Matthew J. Bruccoli, qui portait une admiration considérable à F. Scott Fitzgerald, a composé ce recueil. Grâce à ces nouvelles inédites, le lecteur pourra découvrir un nouveau Fitzgerald, qui a longtemps vu sa « réputation d’historien de l’Age du Jazz » (préface, p.6) le maintenir dans une certaine obscurité mais dont il parviendra à s’échapper.

                  Le titre de l’œuvre, choisi par leur fille, Scottie, fait référence au paradis de la jeunesse et des premiers amours fugaces qui rythment la vie des jeunes gens. C’est pourquoi ces nouvelles, toutes publiées dans des revues et principalement dans le Saturday Evening Post, sont réunies dans un même recueil parce que la plupart d’entre elles s’articulent autour de moments bouleversants que la vie nous apporte : la naissance d’un premier amour, la fin d’une fortune ou encore la chance qui nous sourit.

Ainsi, « Amour dans la nuit », deuxième nouvelle de ce recueil, raconte l’histoire d’une rencontre brève et magique entre deux jeunes gens sous un ciel nocturne : Val, un prince russe qui « a toujours rêvé de tomber amoureux par une nuit semblable à celle-ci » (p.84), et une belle jeune fille déjà mariée mais qui n’est pas insensible au charme du jeune prince. Cette nouvelle nous offre donc une belle intrigue amoureuse qui fait espérer aux lecteurs une fin positive pour le jeune homme. L’auteur arrive à nous émouvoir grâce à deux moyens. Le premier est la situation de Val qui se dégrade au fil du temps suite à la fin de la Première Guerre mondiale : nous souhaitons donc que quelque chose de merveilleux comme l’amour puisse lui arriver. Le deuxième est la tonalité et le registre à la fois lyrique et pathétique de cette nouvelle qui permet aux lecteurs de s’attacher aux deux personnages et d’être bienveillants avec eux : « Je veux que vous vous souveniez de moi, murmura-t-elle, et sa voix tremblait. » (p.89).

Par ailleurs, d’autres nouvelles peuvent émouvoir les lecteurs et ce, pour d’autres raisons. En effet, F. Scott Fitzgerald ancre ses nouvelles dans la vie quotidienne et utilise le narrateur interne permettant aux lecteurs de s’identifier plus facilement aux personnages. C’est par exemple le cas pour la nouvelle « Le Stade » qui est inspirée de la vie de l’écrivain puisqu’elle se déroule à Princeton, université que ce dernier a un peu fréquentée. Dans cette nouvelle, les lecteurs ont la possibilité de se mettre à la place du personnage car ce dernier est le narrateur : « J’ai connu un garçon, à Princeton, qui n’assistait jamais à aucun match de football. » (p223). Ainsi, tout au long de cette histoire, l’auteur essaie de nous toucher en nous racontant à nouveau une rencontre amoureuse mais en y intégrant les difficultés rencontrées par les deux personnages pour vivre en harmonie et se comprendre : « Je croyais que tu pensais comme moi, exactement comme moi. Je me trompais donc complètement sur toi ? » (p247). C’est une des raisons pour lesquelles les lecteurs s’attacheront aux personnages.

Enfin, ces nouvelles sont issues de 3 cycles différents : onze des seize textes qui composent ce recueil étaient sortis aux États-Unis en 1973 sous le titre Bist of Paradise, deux autres textes appartiennent au cycle de Love Boat (1979) et les trois derniers se rattachent au cycle du livre The Basil and Josephine stories (1973). Dans ces nombreuses nouvelles, l’auteur cherche à approcher les lecteurs et à leur faire ressentir différentes émotions. Pour ce fait, certaines de ses nouvelles sont sans préambule, c’est-à-dire qu’elles positionnent les lecteurs en simple spectateurs comme dans « Une Jeune fille très populaire » où les lecteurs plongent directement dans l’action : « Vers dix heures et demie, chaque samedi soir, Yanci Bowman trouvait un aimable prétexte pour planter là son cavalier […]. » (p.13) ; tandis que d’autres sont plus enclines à faire l’inverse, c’est-à-dire à laisser les lecteurs se mettre à la place du personnage ou du moins à se poser des questions sur la nouvelle comme dans « La Danse » : « J’ai ressenti, toute ma vie, une assez curieuse aversion pour les petites villes. » (p.135).

            Ainsi, le recueil de Fitzgerald, auteur ayant écrit dans le contexte de l’entre-deux-guerres et ayant été le chef de file du mouvement de la Génération perdue (courant littéraire américain), offre aux lecteurs la possibilité de s’évader grâce aux multiples rencontres amoureuses qui donnent à rêver et à espérer. Ces nouvelles séduiront les lecteurs car elles illustrent au plus près l’univers de l’écrivain en jouant sur de brèves émotions, aiguës et légères.

Elyne OSSWALD, 1A, Edition-Librairie, 2019-2020.

Sources 

Nationalité : Américaine
Né à : Saint-Paul, Minnesota, 1896
Mort à : Hollywood, Californie, 1940

Ses nouvelles sont publiées dans des revues telles que le Red Book Magazine ou le Saturday Evening Post, tandis que ses romans sont publiés par sa maison d’édition. Son premier roman a été écrit pour séduire son épouse Zelda : il s’appelait d’abord Le Romantique égoïste (1920) mais le titre a été changé pour la publication en L’Envers du Paradis.

Bibliographie 

Romans :

  • Beaux et Damnés, Gallimard, 1964, (The Beautiful and Damned, 1922)
  • Gatsby le Magnifique, Simon Kra, 1926, (The Great Gatsby, 1925)
  • Tendre est la nuit, Delamain et Boutelleau, 1951, (Tender is the Night, 1934)

Nouvelles :

  • L’Etrange histoire de Benjamin Button, Colliers Magazine, 1922
  • Un diamant gros comme le Ritz, The Smart Set, 1922