Littérature américaine

Ray BRADBURY, Monstrueusement vôtre

Ray BRADBURY, Monstrueusement vôtre

Traduit de l’anglais par Pierre Girard
Titre original :  A memory of murder  (1984)                                                                                         Ed. Christian Bourgois, 1990
ISBN 2-267-00856-4

Dans une ambiance tendue, mais souvent teintée d’humour, Ray Bradbury nous entraîne dans une série d’enquêtes.

Un auteur prolifique

Âgé d’une vingtaine d’années, Ray Bradbury choisit d’écrire des nouvelles en se disant :

« L’important c’est la quantité. Jusqu’à ma mort, j’en produirai une par semaine et sur le tas, il s’en trouvera bien quelques-unes de réussies » (A memory of murder).

A raison d’une nouvelle par semaine, dont plusieurs furent publiées à l’époque dans les magazines policiers, on peut parler d’un auteur prolifique !

Plus connu comme auteur d’anticipation avec ses Chroniques martiennes (1950) ou Fahrenheit 451 (1953), il a écrit aussi de nombreuses nouvelles d’horreur et de science-fiction. A ses débuts, sans être une menace pour les précurseurs du roman noir tels que Chandler ou Hammett, il se lance dans la rédaction de ces nouvelles mêlant policier et fantastique.

Du policier au fantastique, avec l’humour au rendez-vous

Car contrairement à ce que le titre français pourrait suggérer, il ne s’agit pas de nouvelles d’horreur, mais bien d’un recueil de nouvelles policières comme l’annonce le titre original A memory of murder.

Ainsi la plupart des héros de ce recueil, du mari malmené au monstre de foire, en passant par l’idiot (supposé) du village, ou par le criminel astucieux, l’enquêteur malin, ou encore l’ancien policier devenu justicier aux méthodes peu orthodoxes, tous se retrouvent entraînés dans des enquêtes.

Bradbury y use d’un humour souvent noir.

« Quelle merveilleuse journée pour une promenade », nous dit l’homme hémophile que son ex-amoureuse vient de poignarder au bas d’une falaise.

« Je suis content. Je suis mort avant minuit. Je serai donc dans le journal du matin. Mrs. Jones me prendra avec son décaféiné. Bien joué, non ? »

peut se réjouir l’homme assassiné qui suit d’un œil très attentif l’enquête sur son meurtre.

Il joue aussi avec nos peurs, dans des ambiances tendues, quand « le grenier devint soudain glacial » à la découverte d’un corps dans une malle, ou avec ces personnages qui frôlent la mort poursuivis par un oncle devenu fou ou un ancien toréador décidé à vous montrer ses talents.

Ou, introduisant une touche de fantastique, il nous fait trembler à l’idée de nous retrouver coincés dans ce cercueil autonome de la cérémonie à l’enterrement, ce « Cercueil de rêve » où personne ne viendra nous chercher, où « le disque était rayé. Mais personne ne s’en souciait. Personne n’écoutait ».

On peut rire (jaune) avec l’homme qui n’est « pas si bête que ça », ou trembler à l’idée que « personne n’écoutait » l’homme du cercueil. Une chose est certaine : ces nouvelles ne nous laissent pas insensibles.

A.G., AS Bibliothèques-Médiathèques, 2017-2018

Biographie :

  Nationalité : Etats-Unis
Né à : Waukegan, Ilinois, 1920.
Bradbury, mort en 2012, a commencé à écrire des nouvelles en 1938. Il acquiert une notoriété internationale avec les Chroniques martiennes (1950). Il considère ses oeuvres comme relevant davantage de la fantasy que de la science-fiction, ce qui fait de lui un auteur un peu en marge dans ce genre.

Bibliographie non exhaustive de l’auteur :
Théâtre pour demain et… après, théâtre, Denoël, Présence du futur, 1973.
Pour les chiens, c’est tous les jours Noël, poésie, Gallimard, Folio Benjamin, 1998.
Chroniques martiennes, Gallimard, Folio SF, 2001.
L’homme illustré, nouvelles, Gallimard, Folio SF, 2005.